Madagascar
De disc-jockey à président de la République en passant par maire d’Antananarivo, la capitale malgache, le parcours politique d’Andry Rajoelina est aussi bien insolite que fascinant. Portrait.
“Le petit garçon (son surnom) va remonter sur le trône”, prédisait-il le mois dernier en pleine campagne électorale.
Pari gagné. Andry Rajoelina, déclaré jeudi vainqueur de la présidentielle malgache, revient au sommet de l’Etat en jeune homme pressé qu’il est resté, à tout juste 44 ans.
Surnommé “TGV” pour son côté fonceur, l’entrepreneur attiré par la politique était apparu dans le ciel politique de l‘île comme une météorite en 2007.
Plus connu à l‘époque pour ses seules activités de disc-jockey et d’organisateur de soirées en vue dans la capitale, le trentenaire patron de sociétés publicitaires crée la surprise en 2007 en étant élu dès le premier tour maire d’Antananarivo, loin devant le candidat du parti présidentiel.
Grâce à son sens aigu de la communication et au soutien de sa propre radio-télévision Viva, il s’impose en quelques semaines comme le meneur de l’opposition au président en exercice, Marc Ravalomana.
A partir de la fin 2008, ses partisans défient ouvertement le régime dans la rue et finissent, avec le soutien implicite des militaires, par chasser le chef de l’État. Président non élu, le trentenaire élégant au visage poupin peine toutefois à rassembler pour sortir le pays de la crise.
Ses adversaires lui reprochent alors de “naviguer à vue”, d‘être “manipulable”, “de fermer les yeux” sur le pillage des ressources naturelles, dont le précieux bois de palissandre, et de ne penser qu‘à “défendre ses prérogatives”, au besoin en faisant arrêter ses rivaux.
Ses déboires lui valent le surnom d’“écrevisse”, le crustacé qui marche à reculons. Interdit de candidature par la communauté internationale, Andry Rajoelina ne se présente pas à la présidentielle de 2013 et finit par soutenir le parti de son ex-ministre des Finances Hery Rajaonarimampianina, qui l’emporte.
Mais très vite, les deux hommes se brouillent. Dès 2016, M. Rajoelina annonce son intention de défaire son ancien protégé dans les urnes.
Ses réunions publiques, aux allures de grand spectacle, attirent les foules.
Rendre l’espoir aux Malgaches
Ses propositions suscitent parfois les railleries, comme celle de lutter contre les vols de zébus en les équipant de puces GPS tandis que des “drones suivront les voleurs”.
En octobre, pendant la campagne, Andry Rajoelina s’est aussi engagé à construire des toilettes publiques parfumées. En meeting à Toamasina (est), il promet de transformer la ville portuaire en “Miami” ou “Côte d’Azur” malgache.
La société civile redoute surtout qu’il ne brade les richesses naturelles du pays, dont le fameux bois de rose, et s’interroge sur l’origine de ses importants moyens financiers.
“Il est inconstant, manipulable, et ne cherche plus qu‘à profiter de ses prérogatives”, critique Monja Roindefo, son ancien Premier ministre et compagnon de lutte.
Lui balaie ces critiques d’un revers de main. “La situation à Madagascar est catastrophique, je voudrais rendre l’espoir et la fierté aux Malgaches”, a-t-il dit, “je serai un président du petit peuple qui protège les pauvres” qui forment la majorité de la population.
Il a désormais cinq ans pour le prouver.
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